Abaya. Le billet d'humeur de Karine.

𝗔𝗯𝗮𝘆𝗮.
𝗕𝗶𝗹𝗹𝗲𝘁 𝗱'𝗵𝘂𝗺𝗲𝘂𝗿.

J'ai été formatrice en Français Langue Etrangère/ Lutte contre l'illettrisme même si ce sont deux choses complètement différentes et dédiées à des personnes qui n'ont pas les mêmes besoins.

J'avais en charge un groupe constitué d'hommes et de femmes musulmans ou pas, voilés ou pas.
Le plus âgé n'a jamais tenté de venir sur le terrain de la religion.
Un des plus jeunes a voulu me lancer sur le thème de la place de la femme dans le Coran. J'ai refusé de faire une séance à ce sujet : le prosélytisme d'aucune sorte n'est de mise dans ce type de formation.

Par contre, la gène des femmes était palpable.
Peur du jugement pour celles qui n'étaient pas voilées? Bonnes ou mauvaises musulmanes ? Position correcte à adopter dans le Coran par rapport aux hommes présents à ce moment-là ?
La religion faisait intrusion dans un lieu où elle n'avait pas sa place et la sécurité psychologique des stagiaires dont j'étais responsable était en danger.

Ce qui est vrai pour des adultes est d'autant plus vrai pour des enfants et pour des adolescents en milieu scolaire.
Les filles n'ont pas à devoir prouver qu'elles sont bonnes ou mauvaises musulmanes, elles n'ont pas à devoir craindre le jugement de leur co-religionnaires, elles n'ont pas à devoir craindre ce qui sera rapporté à leurs parents ! Elles ont le droit de pouvoir s'épanouir, de construire leur propre identité et de pouvoir étudier, dans la liberté due à tous, et de faire les choix qui leur sont personnels sans aucune pression d'aucune sorte.

Et voilà le Méluche qui ne "comprend" pas que l'on puisse refuser l'abaya et qui décrète que le faire est islamophobe !
Voilà le Méluche qui décrète un jour que l'abaya n'est pas un signe religieux, et un autre jour, que refuser son port est "islamophobe"!
Avec ce clown, on n'en est pas à une incohérence près !

Pour son info, d'ailleurs, des femmes  musulmanes refusent le port de l'abaya et n'ont pas envie que leurs filles soient incitées à la porter !

Refuser l'abaya, c'est protéger tous les élèves !
Refuser l'abaya, c'est refuser que les garçons traitent les filles de "bonnes" ou de "mauvaises" musulmanes, en sous-entendant aussi que les "mauvaises" ne méritent pas d'être respectées, avec tous les drames que cela peut induire !

Ça ne le gène pas que les garçons et les filles se lancent des défis sur qui la portera ou pas ?
Qu'on ne vienne pas me dire, ensuite, qu'il veut lutter contre le harcèlement à l'école ! Car le port autorisé de l'abaya aurait été la porte d'entrée de situations de harcèlement alors même que l'Education Nationale tente de lutter contre ce fléau meurtrier !
Accepter l'abaya aurait annihilé des années de lutte féministe, aurait porté atteinte à la liberté des filles ainsi qu'à la liberté religieuse que chacun a le droit de garder dans la sphère privée !
C'est pourtant évident !

Et ça, ça ne les gêne pas, les LFI and co ?

"Tenue culturelle" ? Peut-être que le propre de l'Ecole est de favoriser la mixité dans tous les domaines et non pas de favoriser la  formation de groupes ou de groupuscules ! Et il faut peut-être arrêter de se moquer des gens : la réaction des jeunes musulmans/anes à ce sujet prouve bien que l'abaya est bien autre chose qu'une simple "tenue culturelle" !

Le précédent ministre de l'Education Nationale, Pap Ndiaye, a été indigne à ce propos, laissant aux chefs d'établissement la responsabilité d'autoriser ou non ces signes religieux, sans leur donner aucun moyen, et en fuyant ses responsabilités de Ministre de l'Etat !

A ce jour, le port de l'abaya est refusé par Gabriel Attal. C'est très bien.
Maintenant il faut donner aux chefs d'établissement les moyens de mettre en oeuvre cette décision. Ce ne sera pas facile mais ce n'est pas parce que ça demande davantage de moyens qu'il fallait faire l'autruche. L'autruche doit absolument lever la tête pour réagir, si elle ne veut pas être bouffée.

Karine

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