Notre président de groupe, Jean-Philippe Plez, en préambule de la Séance Plénière de Région Nouvelle-Aquitaine.

Retrouvez le texte intégral de l'intervention de notre président de groupe, Jean-Philippe Plez, en préambule de la Séance Plénière de Région Nouvelle-Aquitaine.

Au menu : Hommage conjoint à Dominique Bernard et Samuel Paty, #Laïcité, #République, #Budget, #Finances. 

Monsieur le Président, 

Mes chers Collègues,

Mesdames, Messieurs,

En ces temps sombres et agités, nous voudrions porter notre regard sur plusieurs thèmes cruciaux autour de la laïcité, des finances publiques et du rôle des collectivités territoriales, le tout dans un contexte toujours plus inquiétant au plan budgétaire, géopolitique et écologique.

D’abord un mot sur la

### 1. **Laïcité et valeurs républicaines**  

Notre groupe tient tout d’abord à saluer Dominique Bernard et Samuel Paty, hussards noirs de la République, dont il convient d’honorer la mémoire.

Le fait qu’une enseignante de Lycée ait récemment été giflée à Tourcoing alors qu’elle faisait respecter la loi et le principe de Laïcité doit aussi nous alerter sur cette petite musique lancinante et persistante d'atteinte à la laïcité, ce qui est confirmé par un récent rapport du Sénat, ce qui signifie surtout un retrait de cette valeur républicaine cardinale dans ce que la République a toujours reconnu comme sacré : l’Ecole avec un E majuscule. 

A l’occasion des tristes anniversaires des assassinats de Dominique Bernard et de Samuel Paty, il nous semble important de rappeler l'importance des valeurs républicaines, notamment la laïcité que l’on croit à tort parfaitement intégrée ou qu’on dit au contraire dépassée, non moderne et sans lien avec notre monde actuel. 

Pourtant, la laïcité garantit l'égalité des droits sans distinction ni hiérarchie de religion, d'origine ou de genre. C’est la liberté de conscience et de croyance pour chacune et chacun. Dominique Bernard et Samuel Paty sont deux enseignants tragiquement assassinés pour avoir défendu ces valeurs. Cela renforce l'idée qu'il est impératif de continuer à éduquer les jeunes dans cet esprit d'égalité, de respect et de tolérance, surtout dans un contexte où des conflits extérieurs, notamment ceux du Moyen-Orient, se répercutent en France dans notre façon de faire société, en nous opposant, en nous divisant, en hiérarchisant ou relativisant les drames. Il n’y a pourtant pas une vie humaine plus importante qu’une autre, ni une croyance plus importante qu’une autre. 

La laïcité nous l’enseigne. Elle est un rempart contre les divisions croissantes au sein de notre société. Elle est un cadre protecteur pour tous. Elle assure les libertés individuelles de chacun. C’est le socle de notre cher vivre-ensemble, le chemin par lequel réconcilier et réunir et, espérons-le,  "réenchanter" notre rapport à l’autre dans un monde en crises.

### 2. **La crise des finances publiques**  

Dans ce monde que nous savons souffrir de multiples crises, nous devons affronter au plan national la dernière venue : la crise budgétaire. Les difficultés budgétaires étaient connues. Ce n’est pas véritablement surprenant tant nous savions le niveau abyssal de la dette. Comment ne pas être sévèrement critique à l’égard de la gestion budgétaire de l'État et comment ne pas être violemment choqué par l’injuste obligation faite aux Collectivités locales de participer à la résorption de la dette dans des proportions ô combien plus importantes que le poids réel des Collectivités dans cette dette ? 

Cette situation entraînera de facto une baisse des services publics, ce qui aggravera encore les inégalités sociales et territoriales alors que nos concitoyens attendent exactement l’inverse. Pour le dire autrement, ce qui nous est imposé est aussi brutal que arbitraire. C’est aussi injuste que inquiétant. C’est grave. L’Etat entraîne les Collectivités dans le recul des services publics, dans le recul de l’action publique et comble du comble fait appel aux 450 Collectivités les plus “grandes” pour participer à l’effort de résorption de la dette massivement générées par ce même Etat. Nos budgets sont sincères. 

Quelle est la sincérité de Bercy quand Bercy se trompe sur toutes ses prévisions qu’il s’agisse du niveau de la dette ou du niveau de croissance ? 

L’Etat a ignoré les alertes confidentielles sur le dérapage budgétaire et demande aujourd’hui aux Collectivités de payer ses erreurs, d’en être solidaires. Sur le fond, c’est éhonté de nous le faire supporter, comme il est éhonté de faire supposer que les 450 plus grandes Collectivités de France, dont notre Région, sont suffisamment “riches” pour le faire. ça se saurait. 

Alors que faire ?

Nous pourrions entrer en résistance, retirer les délibérations budgétaires de cette séance plénière car les débats d’orientations budgétaires sont très certainement parmi nos débats les plus importants et comment les tenir dans ce contexte incertain et flou. Nous aurions pu commettre cet acte de résistance mais vous avez tenu, Monsieur le Président, à maintenir ces délibérations parce que, justement, nous devons faire face, faire face et surmonter, garder le cap en période de gros temps, continuer à faire avancer la Maison Nouvelle-Aquitaine dans le sens, l’intérêt et les attentes de ses habitants. De sorte que nous pouvons continuer à dire aux Néo-Aquitains que la Région est avec eux, auprès d’eux. Qu'elle est là et qu’elle sera là. De sorte que par cette réaction responsable, alors que les annonces de Bercy sont peu rassurantes, nous voulons rassurer les Collectivités infrarégionales, les acteurs économiques, les partenaires sociaux. C’était la bonne décision Monsieur le Président. Elle nous engage collectivement. Elle nous permet de réaffirmer le sens de nos missions et l’envergure de l’action régionale. Mais la tâche est rude. 

Nous avons une obligation collective, commune à nous tous ici. Défendre l’action régionale et trouver collectivement des solutions, faire des choix collectifs sur ce que nous pourrons faire, réduire, reporter. Mais de grâce chers Collègues, ne soyons pas schizophrènes ou amnésiques. Concentrons-nous sur l’action régionale et cessons avec des motions inopportunes pour ne pas dire indécentes. Dans le contexte que nous connaissons, dans l’histoire récente que nous connaissons, que penser de motions qui demandent d’augmenter le budget agricole ou d’investir au-delà de nos compétences sur le ferroviaire ? Que penser de ces motions venant des partis de la majorité présidentielle ou de l’actuel Gouvernement alors que les premiers n’ont pas réussi à répondre nationalement aux attentes du monde agricole, qu’ils ont en même temps réussi à creuser le déficit de la France de façon record, et que les seconds sont en soutien d’un Gouvernement qui réduit l’investissement sur le ferroviaire et les capacités de financement de l’action régionale, toujours en même temps ? C’est ubuesque.

### 3. **Propositions de réformes**  

A Paris, à Bordeaux, à Limoges ou à Poitiers, n’oublions pas que nous sommes d’abord des élus régionaux. Prenons exemple sur notre collègue Eric Sargiocomo qui reste cohérent entre Bordeaux et Bruxelles ou qui, pour le dire mieux, nous aide à Bruxelles à défendre les positions que nous défendons en Région. Que nous défendons collectivement en Région. J’en veux pour preuve la récente Mission d’information et d’évaluation des nos politiques agricoles en lien avec l’alimentation et la santé. Nous devons nous inspirer de cette mission dans ce qu’elle a collectivement suscité sur quasi tous les bancs de cet hémicycle.

Défendons collectivement les Régions par pour elle-mêmes, cela n’aurait pas de sens ni d’intérêt, mais pour ce qu’elles font, voire ce qu’elles pourraient faire dans le cadre d’une réforme territoriale qui n’a que le territoire et l’habitant comme souci.

Pour remédier à ces crises conjoncturelles et structurelles, nous aurions intérêt à défendre une décentralisation accrue, au-delà et plus profondément qu’une simple loi NOTRe 2, afin de mieux adapter les compétences et les ressources des collectivités locales. Cela permettrait de mieux répondre aux besoins des citoyens tout en leur donnant plus de pouvoir sur leur propre gouvernance. C’était déjà utile hier. C’est, nous le pensons, devenu vital aujourd’hui.

Ces travaux engagent sur le long terme tandis que nous devons répondre en responsabilité aux attentes immédiates et quotidiennes de nos concitoyens. C’est ce que nous allons faire dès à présent avec notre ordre du jour chargé.

Monsieur le Président, chers Collègues, je nous souhaite des débats aussi riches que les enjeux sont importants.

Je vous remercie.